En Bretagne, en cas de météo défavorable, il y a des petits coins oubliés qui méritent le détour… Voici le récit de Nicolas, l’ami avec qui j’ai partagé cette rando.
(Je précise que la spondylarthrite ankylosante de Nicolas lui occasionne des douleurs articulaires récurrentes… L’objectif de cette rando kayak était d’effectuer un premier test pour notre expé au Groenland : Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet, lisez ces 2 articles :
NAVIGATION sur La Vilaine : Redon – Arzal (aller/retour) = 50 milles (93 Km)
Au début… nous avions prévu de profiter du week-end prolongé pour aller aux îles Glénan. Bonne idée, sauf que la météo en avait décidé autrement : 25 à 30 Nœud établis de secteur Sud… Nous pensons alors à une navigation en Bretagne Nord. Mais même dans le Goulet de Brest la navigation reste assez délicat puisque la météo est aussi ingrate… Sans compter que nous sommes en période de vives eaux (forts courants de marée). Le secteur de Bréhat donne une petite possibilité mais sans grande chance de mener à bien un tour complet de l’île en raison de la houle.
Dès lors, c’est avec une météo qui s’annonce exécrable et donc aussi par sagesse que nous finissons par décider de partir faire une navigation en K2 (kayak deux places) sur La Vilaine. Initialement, je dois avouer que l’idée de naviguer depuis Redon sur la Vilaine ne me faisait guère rêver. Cependant notre objectif étant de tester le Grand Narak de chez Nautiraid chargé et motivé pour sortir malgré la mauvaise météo, ce fut donc avec un réel plaisir que nous avons chargé le Kayak au niveau de la cale du club d’avirons de la charmante ville de Redon.
Notre itinéraire
JOUR 1 : Samedi 29 avril / départ 14h00 / Redon – Foleux /15 milles = 28 Km / 3h30 de navigation
Le départ est tout à fait paisible, les averses étant prévues pour la fin de journée… Le barrage d’Arzal rendant le courant négligeable, seul le vent doit être pris en considération pour cette navigation en eau douce. Une douleur au niveau de l’articulation du poignet présente depuis 2 jours disparaît au bout de 40 min. Maintenant je sais que la première heure de pagaie reste de l’échauffement pour mon corps avant de pouvoir vraiment profiter de la navigation. (je prends donc maintenant conscience que sortir sur moins d’une heure n’est vraiment pas un plaisir. Mais quand on aime ça…).
Cette navigation en kayak bi-place est assez novatrice pour moi. J’avais déjà pu tester le concept en mer auparavant mais jamais sur plus d’une journée. Et c’est encore avec un vrai plaisir que nous avons su coordonner nos mouvements afin que le kayak maintienne une bonne vitesse de route. Si au début je pensais que la navigation en K2 avait le grand défaut de limiter la sécurité (si le bateau chavire, il y a deux kayakistes à l’eau…), je m’aperçois assez vite que le Grand Narak est vraiment très stable et rend le chavirage peu probable (mais certainement pas impossible).
Cette navigation est donc pour moi un avantage puisqu’il est possible de diminuer de temps en temps les efforts sans pour autant trop perdre en vitesse de navigation et puis même si le kayak est bien souvent une pratique sportive individuelle, il est aussi très agréable de réaliser l’effort en duo.
Nous arrivons ainsi au port de Foleux après 3h30 de navigation. Nous décidons de nous poser à proximité du chantier naval sur un terrain propice à recevoir notre tente et avec vue directe sur la Vilaine. Arrive le temps pour nous de profiter du simple moment d’être dehors…
JOUR 2 : Dimanche 30 avril / départ 11h00 / Foleux – Arzal puis retour à 1 km au Sud de Foleux / 16 milles = 30 Km / 4h30 de navigation
Le petit matin fut assez pluvieux ce qui ne motive guère les troupes à lever le camp. De plus une douleur a envahi mon poignet gauche durant la nuit et je dois prendre plus de temps pour réaliser les mouvements. Heureusement les averses se sont estompées et nous avons le temps de prendre le premier repas de la journée. Alors que nous chargeons le kayak, des pêcheurs bien équipés préparent leur bateau pour aller au combat. Nous ignorons encore que la pêche au carnassier ouvre demain…
C’est donc une fois embarqué et la douleur articulaire s’estompant que la première averse se présente. Malgré tout, nous pouvons profiter du paysage où la rive droite laisse glisser d’imposants blocs de roche. Sincèrement c’est un vrai plaisir que de découvrir ces eaux intérieures qui abritent des hérons cendrés sans compter les nombreux cygnes… ainsi que les bovins habitués aux passages des navires qui n’ont pas à être jaloux de leurs cousins qui regardent passer les trains. Brieg et moi ne cachons pas notre joie à être juste sur l’eau.
Très vite nous arrivons au joli port de la Roche Bernard. Nous préférons poursuivre notre chemin en direction d’Arzal malgré les averses. Cette étape demande plus d’efforts en raison du vent et des averses qui s’amplifient. A regarder le mouvement des arbres et surtout à sa force qui s’applique sur les pales de la pagaie, nous devinons rapidement que le vent a atteint plus de 25 noeuds au moment où nous approchons du port d’Arzal qui nous sépare de la mer. Il est certain qu’une navigation en mer avec cette météo devient totalement impossible.
A Arzal nous profitons d’une cale qui fait face à la capitainerie pour poser pied à terre. Hors du kayak et sans tenue spécifique (l’hiver est terminé normalement…) je me refroidi très vite… Brieg m’encourage à jeter un œil de l’autre coté du barrage pour voir la mer, qui à marée basse présente surtout l’envasement de la Vilaine. Nous profitons pour grignoter à l’abri du vent et repartons sans tarder avec le vent qui nous aide cette fois à avancer. Avec l’activité physique nous nous réchauffons rapidement et reprenons plaisir à avancer surtout dans ce sens.
De retour à la Roche Bernard, nous hésitons à sortir du kayak pour prendre un verre au remarquable café le Sarah B situé tout au fond du port (il y a possibilité de laissé le kayak juste devant). Une nouvelle averse nous convainc à poursuivre notre chemin. C’est donc en milieu d’après midi que nous arrivons sur un petit terrain repéré durant notre descente qui se trouve à 1 Km au Sud de Foleux. Ce terrain est remarquable par les diverses installations : barbecue, herbes coupées et sièges. Bref nous sommes dans un parfait petit coin pour nous ressourcer le temps d’une nuitée.
Les averses alternant avec le soleil, nous pouvons contempler de magnifique arc en ciel et réussissons à faire sécher nos affaires. Notre déjeuner avalé en décaler, nous enchaînons avec un petit apéro qui nous rappelle que nous sommes vraiment bien ici. La soirée est aussi le moment pour nous d’échanger sur notre futur voyage en K2 en totale autonomie. Cette destination n’est rien d’autre que le pays rêvé, depuis sept années déjà où naissent les plus grands icebergs de l’Atlantique Nord… Le Groenland.
JOUR 3 : Lundi 01 mai / départ 09h40 / 1 Km au sud de Foleux – Redon / 15 milles = 28 Km / 4 h de navigation
La nuit nous a permis de nous reposer malgré une certaine fraîcheur. Le réveil fut assez surprenant puisqu’il s’est effectué dès 6h30 par l’arrivée de voiture à proximité de notre tente. Très vite nous comprenons que des pêcheurs s’installent. Au moment ou nous décidons de prendre notre thé, nous apprenons que c’est aujourd’hui l’ouverture de la pêche au carnassier. Les pêcheurs rencontrés la veille auraient du nous mettre la puce à l’oreille.
Une fois la tente séchée par le soleil, nous reprenons notre embarcation (sans aucune douleur articulaire). C’est un vrai plaisir que cette partie de navigation. Le vent étant au portant, le soleil présent, nous décidons d’utiliser une petite aile de cerf volant. Nous nous amusons à mettre en place nos lignes et à voir tracter le kayak par cette petite aile. Même si le cerf volant a fait office d’ancre flottante une fois, c’est sympa de mêler deux passions : le kayak et le kite. Nous estimons une vitesse de traction avoisinant les 5 Nœuds. Il va sans dire que les nombreux pêcheurs croisés sur le trajet furent surpris par l’utilisation d’une telle propulsion.
Nous faisons une petite pause au niveau du pont mobile de Cran puis poursuivons notre navigation toujours au portant avec quelques grains remarquables. Nous arrivons assez vite au niveau de Rieux ce qui nous permet d’imaginer une arrivée sur Redon pour 14h. L’horaire respecté nous calculons une vitesse moyenne sur la dernière partie de 4,4N (en partie grâce au vent).
Si initialement, je démontrais peu de motivation pour ce trajet, je dois avouer avoir pris un grand plaisir à réaliser cette navigation en eau douce. Ainsi il ne faut surtout pas hésiter à profiter de la mauvaise météo qui reste un des rares éléments non maîtrisable par la main de l’homme pour découvrir ces petits coins.
Après tout, le voyage n’a pas besoin d’être aventure pour être plaisant, il suffit qu’il soit vécu.
Nicolas QUENTIN
Merci Nicolas pour ces renseignements car trouver le topo de la vilaine n’est pas chose facile mais grâce à tes notes , j’ai tous ce qu’il me faut.
C’est avec plaisir ! C’est pour cela que l’on à fait cet article.
Brieg
Bonjour,
je souhaite préparer une sortie sur La Vilaine en aout prochain avec mon club. A partir d’ou est elle navigable ? …. nous aimerions aller jusqu’à l’embouchure.
Merci pour tout conseils, endroits pour dormir, écluses à passer, visites à faire .
mon facebook : » Patchouîque Djéffwaye «
Bonjour Patrick, à partir de Redon il n’y a plus d’écluses à passer 😉