Immakayak : Expédition en kayak au Groenland – Baie de Disko (Partie : 5/7)

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LE FILM : Cliquez ici pour voir la bande annonce et le télécharger.

Cet article est un article écrit par Nicolas ( Un de mes coéquipiers pendant cette expédition).

C’est donc lui qui s’exprime à travers les « je ». Nicolas est atteint d’une Spondylarthrite. Une maladie inflammatoire, provoquant des douleurs parfois intenses au niveau des articulations.

En raison de sa maladie, cette aventure était un vrai défi pour lui. Il l’a réussi ! Bravo à lui 🙂

Place au récit de Nicolas…

Si vous n’avez pas encore lu le récit du 26 au 29 juillet, je vous invite à cliquer sur ce lien pour le lire avant : Article Immakayak 4/7

Lundi 30 juillet : six heures de kayak

Départ de Agpat « Bivouac 9 : 10h00 / Arrivée au bivouac 10 : 16h00 / 6h00 de navigation et 14 milles parcourus (26 km) avec du courant de face.

Météo : Vent nul / Mer d’huile /Grand soleil / Très bonne visibilité / Température 8°c.

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Ce matin nous partons pour la plus longue étape.  Dans un paysage toujours grandiose, nous avons la chance de rencontrer des phoques et de les filmer.

Par chance, nous naviguons aujourd’hui sous le soleil et sur une mer d’huile. Au fil des heures, je ressens pour la première fois la chaleur du soleil. Quel contraste avec ces derniers jours aux températures glaciales ! Cette météo nous permet de réaliser de nombreuses images pour notre film. Nous espérons qu’il pourra retranscrire la beauté de ces lieux et notre plaisir quotidien, malgré les difficultés et la maladie. Pour ma part, cette aventure me redonne énormément confiance en moi. Se trouver au milieu de cette nature redonne du sens à des choses simples.

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Cette navigation, propice à la rêverie, est entrecoupée par des pauses pour nous permettre de grignoter des fruits secs depuis nos kayaks. Le courant contraire ne nous permet cependant pas de rester trop longtemps sans pagayer.

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Au bout de six heures de navigation, nous découvrons une petite crique où coule une rivière. Même si elle est située 6 km avant le bivouac prévu, ce lieu est idéal pour dresser notre campement. Comme tous les jours, pour nous protéger de l’arrivée d’une vague éventuelle due à un retournement d’iceberg, nous devons porter nos kayaks assez haut sur la rive. Cette manipulation demande toujours beaucoup d’énergie et les gros galets ont la fâcheuse tendance à se dérober sous nos pieds.

Ce soir, la pêche est bonne : Benjamin nous rapporte un omble chevalier ! Nous avons la chance de le déguster tout en regardant passer une baleine. C’est un moment inoubliable.

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Mardi 31 juillet : Brouillard, phoques et baleines

Départ du Bivouac 10 : 11h00 / Arrivée au bivouac 11 : 19h30 / 7h00 de navigation (+ une pause de 1h30) et 17 milles parcourus (31 km).

Météo : Vent de sud 15 noeuds, puis nul, 15 noeuds de Sud Ouest / Mer belle / Alternance de brume et de soleil / Visibilité très faible à bonne / Température 8°c.

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7h30, c’est le réveil… En voyant la quantité de moustiques à travers la toile de tente, je devine qu’il fait beau. Une fois le nez à l’extérieur, ça se confirme : le ciel est d’un bleu azur. Ce plaisir est assez relatif car l’horizon est gagné par un épais brouillard qui fait disparaître les icebergs au fur et à mesure de son avancée. Cela a aussi pour conséquence qu’à peine sorti du duvet, j’ai déjà froid… Ce brouillard amène une sensation d’insécurité. Naviguer au milieu d’une zone recouverte d’icebergs n’est pas aisé, qui plus est dans le brouillard.

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Une fois sur l’eau, c’est un fort vent de face de 15 noeuds qui nous salue. Ce vent naît de la différence de température provoquée par le brouillard. Nous redoublons d’efforts pour passer une petite pointe et retrouver une mer beaucoup plus calme. Le brouillard ne cesse de faire apparaître et disparaître les glaces, ce qui engendre un paysage assez fantomatique.

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14h00 : c’est l’heure de la pause déjeuner sur une petite plage où le soleil brille à nouveau. A l’horizon, nous apercevons le brouillard qui persiste. Il faudra en tenir compte pour notre traversée de 4 milles marins (environ 7.5 km) depuis l’Ile Arve Princess jusqu’à la côte groenlandaise. Cette traversée présente un danger en plus des glaces, il s’agit des quelques embarcations groenlandaises sur-motorisées traversant cette zone. Imaginez tout cela, sans rien voir…

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De retour sur l’eau, nous évoluons au milieu d’énormes icebergs similaires, par leur taille, à des montagnes. Comme il est toujours difficile de se rendre compte des dimensions gigantesques de ces icebergs, nous proposons à Benjamin d’en escalader un. Hélas, notre héros décline la proposition. Dommage, pour ma part, j’étais prêt à lui offrir ma ration de nougat pour l’occasion… 🙂

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La traversée se passe bien, et à notre arrivée, nous constatons que le brouillard revient vers nous. Le timing était parfait ! Nous nous embouquons dans un fjord et là, nous sommes stupéfaits par la multitude d’oiseaux qui tournoient et cherchent leur proie. Nous nous rapprochons, et sommes spectateurs d’un incroyable festin, puisque, sous les oiseaux qui ne cessent de plonger, plusieurs dizaines de phoques se sont également regroupés là pour dîner. Je suis totalement ébahi par la vitesse de nage de ces pinnipèdes.

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Nous poursuivons notre route sur la rive Nord du fjord avec toujours autant de plaisir. Comme la magie nous accompagne, nous restons toujours sous le soleil alors que la rive Sud est déjà sous le brouillard. Arrivés à destination dans le fond du fjord, une émotion toute particulière nous étreint, en raison de la rencontre de plusieurs baleines toutes proches, dont une qui passe à 20 mètres et une autre sous nos kayaks.

J’avoue ressentir une drôle de sensation en raison de notre taille minuscule face à ces mammifères. Elles plongent juste devant nous et, pendant quelques minutes, un grand silence, puis de nouveau les mammifères refont surface. Un simple mouvement de queue suffirait à nous renverser. Pourtant, il n’en est rien. Elles maîtrisent totalement leurs déplacements. Ce moment est simple et beau.

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Comment décrire à la fois la puissance et la douceur de leurs mouvements, à quelques mètres de nos embarcations. Ici, je prends pleinement conscience de ce que je suis : c’est à dire pas grand-chose face à cette nature. Les baleines profitent du jusant pour se regrouper dans ce lieu afin de remplir leur estomac. A ce moment nous réalisons que pour nous aussi, l’heure du dîner est proche.

Après sept heures de navigation, nous nous installons en hauteur, non loin d’une cascade et d’un lac salé. De là, nous terminons cette fabuleuse journée en contemplant les baleines, les phoques et bien évidemment, les glaces.

Mercredi 01 août : Repos

Jour de pause  – Météo : Vent faible puis forcissant Sud Ouest 15 noeuds / Temps claire se couvrant en fin d’après midi, la pluie revient toute la nuit / Température 7°c.

9h30, c’est le réveil… avec le bruit des moustiques. Leur concentration est telle que nous entendons de véritables chocs entre ces derniers et la toile de tente. Bref cela annonce une belle journée ensoleillée. Une petite douleur des épaules est présente, en même temps nous avons pagayé pendant sept heures la veille…

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Benjamin a, en revanche, très mal au dos au point de ne plus bouger. Il a subi une opération pour une hernie discale il y a trois ans. J’espère sincèrement qu’il arrivera à se reposer. C’est un dur moment pour lui, il se faisait une joie d’aller pêcher au lac…Mais parfois on doit écouter son corps.

Une fois notre petit déjeuner avalé devant une baleine, Brieg s’empresse de grimper aux lacs situés au-dessus de la cascade, pour trouver le meilleur endroit de pêche. Moi, j’en profite pour contempler la beauté du site où passent régulièrement des phoques, ce dont je ne me lasse pas. De plus, je préfère rester à proximité de notre malade du jour.

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14h00, Benjamin se réveille en faisant un peu la grimace mais toujours plein d’optimisme, Brieg revient au camp, bredouille. Nous nous contenterons donc d’une simple soupe déshydratée. Le vent se lève apportant avec lui 5 kayakistes. Une dame française vient nous saluer. Elle encadre un groupe de quatre kayakistes d’une agence de voyage. Alors que Brieg retourne à la pêche, (on peut remarquer sa ténacité à atteindre son objectif), Benjamin retourne s’allonger.

Moi, j’en profite pour discuter avec la guide polaire qui est en fait Ingrid Ulrich. Bon j’avoue je ne savais pas qui c’était avant… Alors pour faire simple, il s’agit d’une petite dame qui pour des raisons particulières s’est dit un jour : « je veux profiter pleinement de la vie ». Elle s’est ainsi mise sur un paddle et a commencé à ramer. Au fur et à mesure des efforts fournis et de l’énergie dépensée, elle s’est retrouvée dans des lieux incroyables tels que les Caraïbes, la Méditerranée, l’Islande et bien sûr le Groenland, toujours avec sa planche !

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En approfondissant cet échange je réalise qu’il faut vraiment savoir profiter un maximum de chaque instant, et de chaque chose qui peut nous faire du bien, surtout lorsqu’on est atteint d’une maladie. J’en conclus donc que nous devons réaliser un maximum d’actions positives dans notre vie.

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Nous terminons cette journée pleine de quiétude autour d’un feu en dévorant une morue capturée par Brieg. Nous vivons totalement ce voyage et sommes en parfaite osmose avec cet environnement.

Mercredi 02 août : La barrière d’icebergs

Départ du Bivouac 11 : 12h00 / Arrivée au bivouac 12 (=bivouac 2) : 16h00 / 4h00 de navigation et 9 milles parcourus (17 km).

Météo : Vent faible puis 10 noeuds de Nord Est / Mer belle / Temps gris, la pluie s’arrête / Bonne visibilité / Température 6°c.

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La nuit ayant été douce, le réveil se fait paisiblement ce matin. Nous sortons de nos duvets à plus de 9h00, mais avec la pluie. Le froid s’intensifie au moment de sortir de notre tente. Alors que nous commençons à peine à préparer notre petit déjeuner, nos voisins de nuitée sont déjà à préparer leurs kayaks pour repartir sur l’eau.

Nous saluons chaleureusement Ingrid, et immortalisons notre rencontre par une photo. Puis nous retrouvons la solitude qui nous convient assez bien. Très vite nous regagnons nos kayaks et sortons du fjord avec et toujours cette même douceur qui nous a envahis.

Cette paix se fait un peu oublier brusquement lorsque nous arrivons à la pointe sud du fjord. Devant nous, une muraille d’icebergs. La question est simple : par où passer ? Ils sont vraiment énormes et n’arrêtent pas de casser. Une belle arche de glace vient d’ailleurs de s’écrouler devant nous. Notre règle est de toujours privilégier la sécurité.

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Brieg débarque sur la côte rocheuse et monte la falaise pour avoir un point de vue plus dégagé. Le diagnostic est vite annoncé : impossible de longer la côte, il faut prendre le large en veillant attentivement au mouvement des glaces.

Cette incroyable navigation est totalement contrastée avec le début de notre journée. Les glaces sont toujours surprenantes, il ne faut jamais les sous-estimer. A nous de nous adapter, et s’il faut prendre plus de temps pour effectuer notre route, nous prendrons ce temps. C’est ainsi, le monde polaire !

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Une fois dégagés de ce passage délicat, nous entrons dans un petit coin protégé par une île minuscule et la côte. Le vent a faibli, la mer est calme et nous longeons les glaces, le tout auréolé d’une lumière incroyable. Ce décor est propice pour faire voler le drone depuis nos embarcations. Cet exercice est toujours risqué en cas de chute du drone, car il ne sait pas nager… Mais nous espérons réussir un beau plan vidéo. Il est vraiment important pour nous de partager ce voyage avec ceux qui nous soutiennent et pour qui il est difficile de venir ici.

Le drone rangé, nous arrivons à notre destination que nous connaissons déjà puisqu’il s’agit du bivouac « B2 », où nous avions fait escale au début de notre route. Au moment même où nous arrivons, un vent fort se lève d’un coup. Nous devons monter notre tente tout en la maintenant au sol par de grosses pierres pour éviter qu’elle ne s’envole au cours du montage. Nous enchaînons avec notre déjeuner. Au menu, comme souvent : chorizo, salami, soupe, et en dessert : beurre de cacahuète sur galette de riz. C’est simple et bon.

Je me demande quelle heure il est, mais très vite je me dis que cela ne sert à rien. Ici, il fait jour en permanence et notre rythme dépend directement des trajets en kayaks, de la météo et des glaces. Dans ma tête, il est l’heure de manger soit environ 13h00 et cela me convient parfaitement. En réalité, il est 17h00…

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Nous ne pouvons pas rester calés sur un rythme qui convient aux personnes vivant en ville, ici cela n’a pas de sens. Malgré le vent qui s’intensifie,  Benjamin s’essaie à une partie de pêche qui s’avère infructueuse. Ce n’est pas très grave car nous n’aurions pas pu faire de feu pour la cuisson aujourd’hui, avec ce vent.

Ce soir, nous filons sans traîner dans nos duvets. Il est un point qui n’a pas encore été évoqué dans notre voyage, c’est le confort de notre habitation. Nous logeons dans un petit palace qui peut faire office de cuisine, salon, salle à manger, mais aussi buanderie et évidemment chambre à coucher.

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Aussi, chacun peut avoir une idée du parfum qui nous enveloppe. La bonne nouvelle c’est que nous sommes tous les trois imprégnés de cette essence et donc, nous n’avons pas vraiment de raison pour nous plaindre. Toutefois, il y a une mention spéciale pour les chaussettes de Benjamin 😉 lors des moments de pseudo séchage qui se fait à l’intérieur de la tente, au – dessus de nos têtes.

Sans aucun doute, cette atmosphère participe à créer entre nous une vraie symbiose 😉 , qui participe à la réussite de cette aventure !

Cliquez ici pour lire la suite : Immakayak : Expédition en kayak au Groenland – Baie de Disko (Partie : 6/7)

LE FILM : Cliquez ici pour voir la bande annonce et le télécharger.

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6 Comments

  1. BONJOUR, BRIEG , NICOLAS, BENJAMIN
    bravo a vous 3 pour cette belle aventure, merçi pour les commentaires et les superbes
    photos si un jour vous avez l intention de refaire une aventure vous pouvez compter
    sur moi cordialement jojo annick a+

  2. Vos photos sont magnifiques, hâte de visionner le film! vous nous faites rêver. Une question : côté repas, avez vous senti un changement dans votre corps du fait de manger différemment ? plus ou moins d’énergie ? cela a t-il impacté sur l’effort à fournir pour naviguer ? sur la concentration, le moral ou rien de tout ça ?

    • Merci ça fait plaisir 😉
      Concernant l’alimentation sans lait et sans gluten :
      Nicolas est un adepte à cause de sa maladie et il a clairement senti moins de douleurs depuis qu’il à adopté cette manière de s’alimenter (il y a 2 ou 3 ans).
      Moi habituellement je ne mange pas beaucoup de lait et de gluten. Ma sensation la plus forte quand je mange sans lait et sans gluten c’est que je suis rassasié sans avoir l’impression d’avoir le ventre plein
      et la digestion est bien meilleur, c’est une sensation très agréable. Côté énergie c’est dur à dire car il y a aussi la motivation du voyage qui rentre en jeu. Quoi qu’il en soit j’avais bien la pêche 😉
      Pour benjamin se régime était une découverte. Je n’ai pas l’impression qu’il est ressenti quelques chose de particulier…

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