GR 54 : Tour de l’Oisans et des Ecrins (partie Sud-Ouest)

Bivouac GR 54 tente X mid 2 places

Cet article est un article écrit par Jean D. un lecteur du blog.

Dans cet article, c’est donc Jean qui s’exprime à travers les « Je ».

Vous aussi si vous le souhaitez, vous pouvez me soumettre vos récits techniques de voyages natures.

Aller ! Je laisse la parole à Jean ;).

(Photo ci-dessus © Jean D.)

L’essentiel en 30 secondes

NomGR 54 – Tour de l’Oisans et des Ecrins
Pays / RégionsFrance / Alpes (Isère) -Partie Sud-Ouest des Ecrins
ItinérairePartie Sud-Ouest du GR 54
Point de départBourg-d’Oisans
Point d’arrivéeArgentière la Bessée
Temps de parcours5 jours / Note de Besoin d’Aventure : Jean est un bon marcheur : comptez 8 jours pour un marcheur moyen
Distance88 km
Dénivelés positifs / négatifs+ 7060 m / – 7150 m
NiveauDifficile
Guide / carte« TopoGuides FFRandonnée « Tour de l’Oisans et des écrins – GR 54 »  /  carte IGN « A6 – Écrins » au 1:50000.
Quand partir ?De mi-juin à mi-septembre / Note de Besoin d’Aventure : attention à la neige persistante en début de saison – mi-juillet est plus sûr !
HébergementBivouac (mais de nombreux refuges sont ouverts en saison)
RavitaillementEn autonomie (ravitaillement possible au village de La Chapelle-en-Valgaudémar). Et de nombreux refuges pour prendre des repas et acheter un peu d’alimentation
Eaupoints d’eau quasi en permanence
GR 54 parti Sud Ouest bourg d'oisans argentière la bessée
En rouge : le GR 54 complet

Présentation du GR 54 – Tour de l’Oisans et des Ecrins

Le tour complet du massif de l’Oisans, incluant le parc national des Ecrins, fait environ 184 km et un dénivelé positif de 12800 m. Cet itinéraire de haute montagne est souvent décrit comme « réservé aux initiés » car il enchaîne des cols soutenus et quelques passages techniques.

Il est vrai qu’il faut être en bonne condition physique car les changements de vallées imposent des dénivelés positifs largement supérieurs aux 1000 mètres et des temps de marche journaliers de plus de 6 heures.

Les passages exposés sont toujours équipés de câbles, en bon état, qui sécurisent réellement le parcours. Il faut bien sûr y être calme et concentré, mais cela reste du GR, accessible au « marcheur » sans besoin d’être « grimpeur ».

Par temps de pluie, des passages glissants peuvent rendre le parcours considérablement plus délicat. Une bonne météo est fortement recommandée, en particulier pour les 300 derniers mètres de nombreux cols schisteux.

J’avais pour ma part 6 jours à consacrer en solitaire (du 11 au 17 septembre 2021) à la partie Sud-Ouest du parcours, depuis Bourg d’Oisans. En ralliant L’Argentière la Bessée depuis le col du Pas de Cavale, j’ai donc pris le dernier jour la variante GR54‑A. Le GR54 poursuit normalement depuis ce col vers Vallouise, par le « très délicat » col de l’Aup Martin.

gR54 partie sud ouest bourg doisans argentiere la bessée
Mon itinéraire en bleu

L’itinéraire jour par jour :

Jour 1 : Bourg d’Oisans (720 m d’altitude) – Ruisseau de l’Embernard sous le col du Vallon

(2120 m d’altitude) / Temps de marche : 6h30 / Distance : 13 km / Dénivelés + – : + 1400 m  – 0 m

Parti de Paris la veille au soir en car de nuit, suivi d’un car omnibus au départ de Grenoble, je suis arrivé à Bourg d’Oisans en début de matinée.

Cette bourgade possède de nombreux commerces pour se ravitailler et un magasin d’articles de montagne bien achalandé au centre du village.

Le GR54 traverse Bourg d’Oisans. Après 5 km de mise en jambes sur terrain plat, on pourra se rafraîchir à la cascade de la Pisse, puis poursuivre encore 2,5 km jusqu’aux Gauchoirs avant d’attaquer véritablement la montée (+700 m) jusqu’au magnifique lac du Lauvitel, enchâssé au creux de pentes raides et verdoyantes.

Ses plages naturelles accueillent de nombreux promeneurs et de courageux baigneurs car l’eau est fraiche. Du lac, il faut encore compter +1000 mètres pour arriver au col du Vallon. Le sentier aux innombrables lacets est raide dans sa première partie, avec quelques franchissements de dalles et de combes équipées de mains courantes.

Vers 2100 mètres, le terrain est nettement moins raide et offre de magnifiques terrasses herbeuses et planes pour planter la tente, avec vue sur le Lauvitel et Bourg d’Oisans.

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Pour une première journée, les jambes et le temps me manquaient pour passer le col du Vallon à 2540 m d’altitude et redescendre sur le lac de la Muzelle.

Lac de Lauvitel
Lac du Lauvitel vu des pentes vers le col du Vallon – © Jean D.

Jour 2 : sous le col du Vallon (2120 m d’altitude) – Le Désert de Valjouffrey

(1300 m d’altitude) / Temps de marche : 9h00 / Distance : 16 km / Dénivelés + – : +1700 m  – 2520 m

L’arrivée au col du Vallon est rapide et offre, en récompense immédiate, une vue magnifique sur le lac de la Muzelle et les contreforts des Ecrins. La descente, par de nombreux lacets, permet d’atteindre la plaine tourbeuse du lac.

Le refuge du même nom est magnifiquement situé au bord de l’eau. Du lac, on voit nettement l’objectif suivant, à +500 mètres : le col de la Muzelle.

Du col, on redescend de 1100 mètres jusqu’à la vallée du Béranger (la première partie de la descente est vertigineuse, avec des lacets de quelques mètres, innombrables dans le schiste et la pierraille. Le sentier en pointillés sur la carte IGN atteste de la difficulté de cette portion).

Arrivé dans la vallée, le village de Valsenestre (2 km à l’ouest du GR54) offre un gîte d’étape mais la suite du GR continue plein sud.

800 mètres plus haut, le col de Côte Belle est le dernier obstacle du jour. La première partie est très agréable, dans la végétation. La dernière partie offre des formations géologiques spectaculaires, « les Orgues de Valsenestre », avec de longues aiguilles de roches lamellées dont certaines surplombent le sentier.

Mille mètres de descente tranquille permettent de rejoindre de belles prairies au-dessus du Désert de Valjouffrey, parfaites pour planter la tente.

Lac refuge de la muzelle
Lac et refuge de la Muzelle – © Jean D.
Col de la muzelle GR 54
Col de la Muzelle vu du lac – © Jean D.
col de la muzelle GR 54 écrin oisans tour
Vue plein Sud de la descente très raide depuis le col de la Muzelle. Au loin, le col de côte Belle – © Jean D.
GR 54 les orgues de Valsenestre
Les orgues de Valsenestre – © Jean D.

Jour 3 : Le Désert en Valjouffrey (1300 m d’altitude) – Refuge du Clot Xavier Blanc

(1400 m d’altitude) / Temps de marche : 8h00 / Distance : 17 km / Dénivelés + – : +1420 m  – 1670 m (Non inclus : 8 km d’auto-stop sur la D480 d’Andrieux jusqu’au Rif du Sap / + 350 m)

Une longue montée (+1200m) sans difficulté particulière permet d’atteindre le Col de la Vauze. Les 200 derniers mètres sont comme souvent tracés en multiples petits lacets directement dans un pierrier aride, noir de schiste.

La redescente vers Villar-Loubière est magnifique et beaucoup plus variée. Le refuge des Souffles, à mi-descente, peut constituer une option d’escale.

Arrivé en fond de vallée, Le GR54 continue plein Est, non loin de la route. On pourra se ravitailler ou se restaurer plus facilement à la Chapelle en Valgaudemar qu’à Villar-Loubière.

J’ai voulu gagner du temps sur cette section en faisant du stop depuis les Andrieux jusqu’au Rif du Sap, ce qui représente 8 km et 350 m de montée.

Le GR repart de la route pour descendre tranquillement jusqu’au refuge du Clot Xavier Blanc. Cette zone plane en bord de rivière, à proximité du refuge, semblait idéale pour planter la tente et entamer le lendemain les 1100 m de dénivelé pour le col de Vallonpierre. C’était sans anticiper un vrai coup de chance…

Le refuge offre normalement une quarantaine de places en saison mais il venait de fermer. Seule restait en accès libre une petite pièce offrant huit couchages ainsi qu’un équipement modeste (table, poêle à bois, vaisselle, etc). On verse soi-même son obole de 8€ dans une petite boîte. Totalement seul, j’y ai passé une nuit calme et réparatrice ! Une belle surprise.

La vallée de la Séveraisse GR 54
La vallée de la Séveraisse – © Jean D.
GR 54 refuge du clot xavier blanc partie hiver
Partie hiver du refuge du Clot Xavier Blanc – © Jean D.

Jour 4 : Refuge du Clot Xavier Blanc (1400 m d’altitude) – Refuge du pré de la Chaumette

(1800 m d’altitude) / Temps de marche : 8h00 / Distance : 16 km / Dénivelés + – : +1600 m  – 1200 m

En marchant tantôt à gauche, tantôt à droite de la Séveraisse, on s’enfonce profondément dans la vallée sans prendre beaucoup d’altitude. Des passerelles en bois enjambent la rivière et il ne faut pas manquer de bien refermer leurs barrières car troupeaux et Patous s’y activent autour de la cabane de Surette.

A partir de 1700 mètres, la pente se redresse fortement. Difficile alors de résister à la tentation d’un rafraîchissement, voire même d’un excellent repas, au refuge de Vallonpierre, situé en bord de lac à 2271 mètres. Encore 300 mètres de dénivelé et c’est le col de Vallonpierre.

On aurait presque tendance à oublier les deux cols suivants sur le GR 54 : le col de Gouiran et le col de la Valette, qui ajoutent quelques centaines de mètres de dénivelé au total du jour.

Entre ces cols, le dépaysement et le calme sont fascinants. Du col de la Valette, la descente est assez raide dans la première partie, en particulier au niveau d’une barre rocheuse où les marques du GR s’enchainent tous les 5 mètres.

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Il faut bien suivre la trace et les cairns car quelques « marches » demandent un peu d’équilibre. Le reste descend tranquillement jusqu’au refuge du Pré de la Chaumette.

Dans la prairie, un panneau tout en images vous délivre « le mode d’emploi » du Patou et vous invite à retenir le nom de 3 gentils chiens qui ne manqueront pas de venir vous renifler si les brebis sont proches du GR. En les appelant par leur nom, le contact avec ces canidés n’en sera que plus cordial…

La plaine est idéale pour le bivouac. Si les vivres vous manquent (ou même s’ils ne vous manquent pas !), le plat du jour pris au refuge du pré de la Chaumette sera d’un grand réconfort dans une belle ambiance. Pour moi, la météo s’annonce mauvaise pour le lendemain après-midi et le gardien du gîte me conseille de partir tôt.  

GR 54 refuge de valonpierre
Refuge de Valonpierre – © Jean D.
Gr54 col de valonpierre
Col de Valonpierre – © Jean D.

Jour 5 : Refuge du pré de la Chaumette (1800 m d’altitude) – Gare d’Argentière la Bessée

(980 m d’altitude) / Temps de marche : 8h30 / Distance : 26 km / Dénivelés + – : +940 m  – 1760 m

Je décris ici cette étape de façon plus anecdotique que technique, vu le contexte météo. C’est un itinéraire magnifique, très varié, qui permet, après l’effort de l’ascension, de rejoindre la vallée de la Durance sans autre difficulté que la distance.

Il pleut toute la nuit et à 7h30, je commence la montée sous une pluie battante. L’orage gronde dès 9 heures, plus tôt que prévu donc. La visibilité est d’une vingtaine de mètres et un fort vent se lève. J’arrive à 10 heures au col du Pas de Cavale. Je peux à peine me tenir debout au débouché du col que je franchis littéralement à quatre pattes !

La redescente par la variante GR54-A vers Argentière la Bessée n’est pas particulièrement bien balisée. Les marques du GR sont très espacées et on perd parfois du temps à retrouver le bon sentier parmi de nombreuses traces. Le manque de visibilité n’aide pas et je consulte fréquemment ma position sur l’appli VisoRando pour ne pas dévier.

Dans les herbages, où manquent roches et supports, des piquets avec les marques du GR sont parfois plantés. Dans la descente, dès le passage du col et pendant 4 heures, je vais subir de fortes averses de grêle. J’avais une veste étanche mais pas de poncho.

Aucun vêtement n’est étanche indéfiniment sous une averse continue. Je comprends mieux aujourd’hui l’importance des spécifications en schmerbers ou mm de colonne d’eau. Je suis entièrement trempé et frigorifié.

Sous un abri très délabré à la Grande Cabane, je m’abrite quelques minutes pour essorer mes vêtements et vider mes chaussures.

La grêle continue et je décide en conséquence d’écourter la randonnée et de faire en une journée ce que je prévoyais plus tranquillement sur 2 jours. Au pas de course, je termine les 18 derniers km pour atteindre à 16 heures la gare d’Argentière et attraper un car pour Modane et un train de nuit pour Paris.

GR 54 col du pas de cavale
Col du pas de cavale – © Jean D.
GR 54 écrins oisans
Dernier jour sous la pluie – © Jean D.

Mon équipement pour le GR 54 :

Pour cette randonnée, je portais un sac à dos Talon 44 Osprey. J’ai dormi dans une tente Xmid-2P associée à mes bâtons Fizan Compact 3, sur un matelas Thermarest NeoAir Xlite et dans un duvet Aegismax G1 complété d’un mini-sac de couchage de survie Lixada Thermal Power.

Mon sac, eau comprise, faisait 10 kilos en moyenne.

Pour mon smartphone, j’avais une batterie Nitecore associée à un mini panneau solaire de 10W. Je cuisinais dans une tasse en titane sur un réchaud BRS-3000t, le tout protégé par un pare-vent en titane. J’avais des vivres pour 5 jours.

J’étais habillé léger (100% Décathlon) selon le concept classique des trois couches.

Enfin, j’utilisais l’appli VisoRando pour ce parcours. Pour 18€ d’abonnement par an, on a toutes les cartes d’Europe à toutes les échelles. Pouvoir se positionner à tout instant sur la carte IGN est une fonction dont on ne peut plus se passer !

Si cette partie Sud-Ouest du GR 54 était à refaire…

Je referais la même chose mais avec une meilleure météo ! Je prendrais moins de vivres. J’ai eu peur de manquer mais j’avais beaucoup moins d’appétit que prévu. J’ai porté au moins un kilo pour rien. Mon équipement était parfait jusqu’à ce qu’il fasse de l’orage.

J’aurais dû prendre un poncho, un pantalon étanche et surtout, surtout : des chaussettes étanches. Même en septembre, la déconvenue glaciale du dernier jour m’a valu des lésions dans certaines petites terminaisons nerveuses et micro-vaisseaux sanguins des orteils du pied droit.

Note de Besoin d’Aventure : Attention un poncho peut être dangereux en montagne, car on ne voit pas bien où on met les pieds. Des chaussettes étanches sont utiles uniquement si elles sont bien portées sous un pantalon étanche (sinon l’eau ruisselle dans les pieds…)

Le bilan reste toutefois largement positif. C’est un parcours exceptionnel si on apprécie l’ambiance de la haute montagne, si on aime les vallées encaissées, et donc si on recherche l’effort physique et les forts dénivelés.

Jean D.

Brieg de Besoin d’Aventure :

« Merci Jean pour ce très bel article qui met dans l’ambiance et qui permettra aux lecteurs d’appréhender plus facilement cet itinéraire ! »

PS : Pour me soumettre vous aussi votre récit de voyage nature, contactez-moi via le formulaire

Voir également mon article : Comment préparer une randonnée de plusieurs jours ?

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3 Comments

  1. Bonjour j’ai beaucoup apprécié votre récit. Nous partons en août faire ce GR. Nous avons déjà fait le TMB. Je voulais juste savoir si il y a beaucoup d’endroits techniques. Merci

  2. Bonjour , je souhaitais savoir si vous avez fait le trek en septembre pour être sur de ne pas avoir de neige au pas de la cavale ? De ce fait être vous parti avec des chaussures basses type trail ?

    • Cet article a été écrit par un lecteur du blog. Je ne connais pas la date de sa randonnée. Les chaussures basses type trail peuvent être envisagées seulement si vous êtes sportif et que vous avez l’habitude de marcher avec en montagne 😉 .

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