Parce que les lecteurs de ce blog sont aussi des lectrices.
Parce que les aventuriers sont aussi des aventurières.
Parce que aventure ne rime pas forcément avec négligence…
Parce qu’en voyage l’hygiène fait partie de la sécurité sanitaire…
Dans cet article je laisse la parole à Ella J., qui compte à son actif plusieurs voyages à vélo, à pied, en kayak, à ski pulka, de plusieurs jours à plusieurs années. C’est donc Ella qui s’exprime à travers les « je ».
Elle nous explique comment conjuguer l’aventure au féminin, sur le plan de l’hygiène féminine. Un sujet assez peu traité dans les publications car un peu tabou et intime, mais pourtant indispensable pour bien préparer et bien vivre son aventure !
Introduction
Au retour de certains voyages nature, les femmes de mon entourage m’ont souvent demandé à demi-mots comment je faisais pour « la toilette ». Sous-entendu, la toilette intime…
C’est aussi un sujet qui me posait question avant ma première grande aventure. Voici donc quelques éléments de réponse pour celles qui voudraient se lancer dans une aventure sans pour autant avoir l’air d’un orang-outang.
1. L’eau et la toilette
Premièrement, il faut se souvenir que pendant des siècles, la toilette se faisait avec une bassine et un savon. En voyage, cela se traduit par : de quoi contenir l’eau, comme une bassine pliable et un savon de Marseille, très polyvalent (Voir l’article « 10 utilisations du savon de Marseille en voyage »).
Pour le confort, on pourra éventuellement faire chauffer une partie de l’eau sur le réchaud. Un gant de toilette peut également être très utile, notamment pour économiser l’eau.
On peut même adopter un usage pour chaque côté. A l’aide d’un motif sur un côté du gant, ou bien en se repérant avec le cordon d’attache du gant, on peut définir un côté pour le visage, un autre côté pour les parties intimes par exemple.
Même si nous sommes habitués à de longues douches ou à de grands bains, il faut finalement assez peu d’eau pour se laver, en fait il faut surtout de l’eau pour se rincer. C’est pourquoi il faut éviter d’utiliser des savons trop riches, dont la texture crémeuse est longue à rincer.
Le gant de toilette peut être rangé dans un sac congélation (type Zip-lock) pour ne pas mouiller le reste du linge, mais attention, il convient de le faire sécher le plus tôt et le plus souvent possible pour éviter l’odeur de linge mouillé. Vous savez bien, celle du linge quand on l’a oublié dans le lave-linge…
En cas de manque d’eau, on peut aussi opter pour des lingettes imbibées. Il en existe des multi-usages, comme celles qui sont utilisées pour les bébés, et des spéciales ‘hygiène intime’. Les inconvénients de ces lingettes sont leur poids et le fait que leur utilisation génère des déchets.
Elles ne brûlent pas facilement puisqu’elles sont imbibées de lotion lavante, et même sèches, leur combustion rejette sans doute plusieurs substances peu naturelles. Je dirais donc qu’elles sont recommandées uniquement pour les destinations où l’accès à l’eau est un problème critique et pour des courtes durées.
2. Les sous-vêtements
Concernant le choix des sous-vêtements, je déconseille fortement la lingerie fine, dentelle, string, tanga, en tout cas pour une aventure basée sur une activité physique. Leur matière ou leur forme ne sont pas adaptées à des activités telles que le vélo, le kayak, la marche, et sont propices aux échauffements. Les formes culotte ou shorty de sport sont plus adaptées, et on en trouve des assez simples, sans donner l’air de porter une gaine en laine !
Attention pour le vélo, préférer des modèles sans couture, ou bien faire des tests avant un trip de plusieurs jours. Car il n’y a rien de pire qu’une couture, coincée entre la selle et les ischions. Ces os supportent tout le poids du corps sur le plat. Il est donc déconseillé d’y intercaler une couture, qui rimerait vite avec torture. En particulier sur une selle en cuir, souvent recommandée pour les voyages au long cours.
En général en voyage, même peu engagé, il faut préférer des matières légères, pour le poids, respirantes, pour le confort, et qui sèchent vite, pour pouvoir les laver à la main. Il faut garder à l’esprit que des sous-vêtements en coton seront plus longs à sécher que ceux en synthétique. Il ne faut pas hésiter, encore une fois, à faire des tests avant le départ pour trouver ce qui nous correspond le mieux.
Pour le soutien-gorge, il vaut mieux éviter les soutiens-gorge « rembourrés ». S’ils ont l’avantage d’amplifier les courbes, il ne faut pas oublier qu’ils sauront aussi très bien amplifier la transpiration et le temps de séchage à cause de l’épaisseur de tissu. Avec ou sans baleine, ouverture dans le dos ou devant, coupe sous-tif ou brassière, là, c’est une histoire de goût, mais les modèles de sport seront quand même particulièrement adaptés.
3. Les règles
Pour les quelques jours par mois où notre corps nous rappelle que nous sommes des femmes, voici quelques éléments à avoir en tête. Pour des voyages courts, il suffit d’emmener son nécessaire avec soi.
Si besoin, dans la trentaine de pays que j’ai visités, on pouvait trouver des protections hygiéniques. Avec peu de choix en général, mais a minima un modèle de serviette hygiénique dans la moindre épicerie, ce besoin étant universel quelle que soit la région du monde.
Autre piste, certainement la moins naturelle, mais certainement la plus pratique, consiste à choisir une contraception qui supprime les règles. C’est le cas de certains stérilets ou certaines pilules notamment.
Pour des voyages plus longs, ou dans des régions reculées, on peut aussi opter pour d’autres alternatives telles que la coupe menstruelle, l’éponge naturelle, la serviette hygiénique lavable. Si je salue leur incontestable vertu écologique, je regrette toutefois la quantité d’eau claire nécessaire à chaque manipulation.
Pour des expéditions de courte durée, qui nécessitent seulement un arrêt ponctuel d’un seul cycle, il est aussi possible d’enchaîner deux contraceptifs sans interruption, puisque c’est elle qui déclenche les règles. C’est ce qui est mentionné sur le mode d’emploi de certains modes de contraception comme la pilule ou l’anneau contraceptif.
Un médecin généraliste ou spécialiste, ou une sage-femme, sauront vous renseigner pour plus de détails.
Il existe donc plusieurs solutions. Il faut bien se connaître, composer avec ses habitudes, faire des tests, savoir s’adapter aux contraintes… et écouter son feeling.
Conclusion
En conclusion, deux petites astuces tirées de l’expérience…
I – En cas d’extrême nécessité, une cape de pluie pourra servir de vestiaire. Accroupie, les mains à l’intérieur de la cape de pluie, cet abri vous permettra de vous isoler, car il n’est pas toujours possible de s’écarter d’un chemin escarpé, d’un co-équipier, d’un groupe de pêcheurs.
Si l’environnement est embarrassant et que vous ne pouvez pas le mettre de côté, cette astuce vous permettra de vous y soustraire pour un court moment. On peut alors faire tout ce que l’on veut sous la cape, uriner, se laver, etc.
II – Uriner est beaucoup plus compliqué pour une femme que pour un homme. SAUF avec un urinoir ! Il en existe de toutes les formes, de toutes les couleurs. Des lavables ou des jetables comme par exemple la marque P-MATE. Là encore ce sera une question de goût. L’urinoir est un objet en forme d’entonnoir allongé que la femme positionnera entre ses cuisses, en baissant légèrement le pantalon mais sans se déshabiller, et dont la forme permet à l’urine de s’écouler plus loin. En fait l’urinoir reproduit la forme du pénis. Et ça y est, on peut enfin vivre cette expérience unique de pisser contre un arbre !
Sur Aliex….com j’ai acheté plusieurs modèles différents de « pisse debout » pour moins de 1.5€ à chaque fois et même si j’ai une préférence pour l’un d’entre eux, ils sont tous très utiles et pratiques (j’en ai 4 types différents).
Le mieux, est de s’exercer dans la douche plutôt que sur le terrain où une fuite (même minime) serais franchement désagréable…
Pour le soutif, j’ai réglé le problème (et pourtant je fais un bonnet D), je n’en met plus depuis trois ans et quel confort !
Passé un temps d’adaptation où l’on a l’impression qu’il manque quelque chose, c’est du pur confort par la suite, plus comprimée avec cet instrument de torture inventé il y a un peu plus d’un siècle, à l’époque c’était un progrès puisque c’était pour « s’émanciper » des corsets, maintenant il faut bien se dire que ça ne sert à rien ! Depuis que je n’en met plus, je n’ai plus jamais mal aux seins, et mes seins sont « un peu moins tombants » (j’ai 51 ans) puisque les quelques muscles qui les retiennent ont repris du poil de la bête. 🙂
Mais je retiens l’idée de la cape de pluie pour se mettre à l’abri des regards, c’est une excellente idée 😀
A vélo, puisque c’est ce que je pratique, je confirme qu’il faut à tout prix éviter les slips/culottes avec couture ça devient très rapidement douloureux ! Pour ma part j’ai investi dans des cyclistes adaptés à la morphologie féminine et en plus ça vous épargne l’arrière train ce qui est très important aussi.
Certes je suis masculin mais j’ai des filles et je m’intéresse à ce souci.
Je te remercie de l’évoquer car cela ne doit pas être un problème exclusivement féminin .
Si on partage la sexualité avec le genre féminin ,on doit aussi se sentir concerné par la contraception et les règles.
Tu as bien raison
Cordialement
Ce ne sont pas les femmes qui vont te contredire sur ce point ! Et en effet, partir avec un co-équipier, c’est aussi s’adapter à ses contraintes/besoins, dans tous les domaines d’ailleurs.
Merci pour cet article sur un sujet peu abordé !
Attention, rappelons une évidence : les savons, même d’Alep, même de Marseille, même bio, sont toxiques pur la vie aquatique. Se rincer à l’eau , oui, mais avec sa bouteille et loin de l’eau : le sol a des capacités à résorber les tensio-actifs bien meilleure que les milieux aquatiques !
Merci pour eux !
Merci Gyrinus pour ce commentaire. C’est aussi un des avantages de la bassine pliante, on peut grâce à elle vider l’eau de la toilette au meilleur endroit. Merci pour la précision.
C’est toujours un plaisir de lire vos articles ! celui-ci m’a rappelée de bons souvenirs, parfois cocasses pour faire un brin de toilette digne de ce nom ! mais en général, on s’adapte vite au manque de douches et bains et on retrouve vite les gestes d’antanqui permettent le nécessaire. Mais vous avez raison d’y consacrer un article car la nouvelle génération est encore bien plus éloignée que moi, qui suis dans la cinquantaine, de ces pratiques ! Par contre je ne connaissais pas le substitut du pénis ! voilà chose faite et ça peut vraiment servir. Alors encore Merci !