L’aventure est devant notre porte !

Mathieu Oriot

Qui a dit qu’il fallait aller à l’autre bout du monde pour partir à l’Aventure ?

L’aventure on peut la trouver tout près de chez soi, pour quelques jours.
C’est ce qu’on appelle les Micro-Aventures.

Mais l’aventure c’est avant tout un état d’esprit !
L’aventure on peut même la créer dans son quotidien !

C’est ce que nous explique Mathieu Oriot un de mes amis.

Dans cet article je lui laisse la parole. A travers les « Je » c’est donc Mathieu qui s’exprime !

Mathieu Oriot

Qui n’a jamais rêvé d’aller au bout du monde escalader une montagne inconnue, descendre une rivière ou pédaler dans un endroit mythique

Faire un trek au Népal, grimper dans le parc du Yosemite ? Faire du kayak en Patagonie, ou naviguer à la voile dans le grand nord… ?

Nous rêvons tous d’étendues vierges, sauvages, de dépaysement alors que nous vivons dans un endroit assez urbanisé, avec forcément du monde autour, des voitures, des routes et des logements !

Mais l’aventure, le voyage ne sont-ils pas finalement juste devant notre porte ? Car plus que la mobilité géographique, c’est avant tout l’état d’esprit dans lequel on se trouve qui va faire de notre vie une aventure ou un voyage hors du commun !

Récemment, j’ai abandonné ma voiture ; et j’ai décidé d’aller travailler à vélo. Eh bien je peux vous dire, et je pense que tous les vélotaffeurs vous le diront, aller à vélo au travail est une petite aventure quotidienne !

Le boulot à vélo – © Mathieu Oriot

Je ne parle pas des pneus crevés ou des chauffards sur la route… Je vous parle du fait que le matin vous avez le vent de face et que le soir, vous rentrez en serrant les dents parce que le vent a tourné et que c’est encore pire que le matin !

Je vous parle de faire 10 km sous la pluie à 7 h, dans le noir et d’arriver trempé au boulot dans un mélange de sueur et d’eau pluviale. D’avoir cru que la veste serait étanche alors qu’elle ne fait que retenir la chaleur en laissant passer l’eau…

Chaque nouveau départ devient l’occasion de se faire plaisir, de renforcer son mental, son physique. Peu importe si la distance est courte, l’essentiel est de l’aborder autrement.

L’aventure, c’est le changement, et il faut en accepter les contraintes. A vélo, on va moins vite, on doit être équipé un minimum (surtout si on roule plus de 2 ou 3 km) et s’en remettre à Dame Nature. On se surprend à regarder la météo le soir, préparer ses affaires la veille, vérifier que le vélo est OK.

Finalement on aborde un peu sa vie quotidienne autrement : faire du sport incite à se coucher plus tôt et bien dormir pour se reposer, manger plus sainement, prendre soin de son matériel et anticiper les problématiques.

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Que se passera-t-il si je crève ? Si je tombe et que je me blesse ? Quelle route choisir pour éviter le gros du trafic et rester efficace malgré tout ?

On passe du statut passif à un statut actif. Cette bascule mentale nous permet de revenir à un processus de choix et de décisions, si essentiel pour se sentir en vie !

Plutôt que de subir la route en voiture et les bouchons du matin, je prends le taureau par les cornes. En prenant mon vélo le matin, j’agis sur ma vie pour qu’elle devienne plus intéressante et corresponde plus à mes rêves.

Au bout d’un ou deux mois, me voilà plus en forme physiquement, et le vélo sur la route ne suffit plus. Du coup je décide de prendre le VTT pour aller travailler.

Au programme, un petit kilomètre en plus en passant par des sentiers, mais plus de voitures à surveiller. Au menu : des racines, du sable et des bosses.

Là on a commencé à parler plus sérieusement ! Passer par le GR* de bonne heure, tout seul à fond avec la musique dans les oreilles. Un vrai bonheur !

L’aventure s’avérait plus intense qu’avec un vélo de route, et puis sentir les odeurs, passer sur du single* ça n’a pas de prix ! J’avoue que j’ai la chance d’habiter en campagne et de pouvoir profiter d’un GR pas loin.

Au départ, ce n’était qu’une petite idée, et voilà que maintenant, je vais travailler à VTT.

Quitte à rouler, autant faire des exercices libres, un peu dans le style du fartlek*en course à pied : j’accélère dans les bosses, je suis constant sur ce chemin, je choisis le niveau du parcours selon mon état de fatigue.

Bref, les tours de vélo du matin et du soir sont vite devenus des instants précieux qui apportent une vraie coupure entre le travail et la maison. Indispensables. Un moment de sport, de détente, un défouloir aussi parfois.

Tirer la bourre à d’autres cyclistes, monter à 45km/h en draftant* à un camping-car un peu lent, prendre en main le matériel sous une pluie battante….

Bref, voilà de nombreux moments intenses, comme celui où les cantonniers ont décidé de mettre du gravier un midi dans un virage où j’avais l’habitude de passer le plus vite possible. Ou le jour où cette Golf bleue m’a coupé la route alors que j’étais plein gaz à plus de 35km/h, un vrai bonheur !

Je ne parle pas non plus du jour où j’ai crevé à cause d’un trou sur la route à 5km de chez moi, alors qu’il me restait 25km à faire et que j’ai dû changer ma chambre à air à la lampe frontale dans un fossé, si ce n’est pas l’aventure ça !

Il m’est arrivé quelques fois de me faire déposer en voiture au travail, mais la journée n’avait pas le même goût, il manquait un truc.

Puis, j’ai accéléré, puisque je parcourais 16km chaque jour, j’ai progressé malgré moi. Alors les chronos ont diminué et je n’avais plus le temps d’en profiter assez.

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Du coup une nouvelle idée a germé : après tout, pourquoi ne pas y aller en courant ?

J’ai préparé mon sac de trail* et me voilà parti, gonflé à bloc. Ce fut intense, car j’ai couru sur le GR, physiquement et mentalement intense.

Aimant un peu les défis, histoire d’augmenter un peu le plaisir, je me suis imposé un timing serré : je dois arriver à l’heure au travail en courant, « faut pas mollir mec, tu lâches rien dans les bosses, mets la gomme là il ne te reste que 2km, pas question de lever le pied, tu sprintes à la fin, allez allez ».

Arrivé en nage, trempé, on revient d’un autre monde ! C’est plus dur de démarrer le boulot, mais ça passe de temps en temps !

Depuis, je reprends le vélo plus souvent et je cours régulièrement. Le dernier raid VTT a été avalé comme une lettre à la poste, j’ai survolé l’épreuve et mon pote qui d’habitude me met la misère, a souffert un peu !

Changer d’état d’esprit, apporter un autre regard sur son quotidien, c’est s’autoriser à mettre de l’aventure dans sa vie de tous les jours.

Le déplacement est une chose, mais on peut s’amuser tout au long de la journée. Rien n’interdit de manger le midi avec sa popote et son réchaud plutôt que d’aller à la cantine de son travail ou au snack du coin.

Le réchaud c’est mieux que la cantine ! – © Mathieu Oriot

C’est ainsi que je vais chercher mes enfants à l’école en skateboard, je vais à des rendez-vous à vélo (et on est assez agréablement surpris de la réaction des gens à ce sujet).

Les rendez-vous en skate – © Mathieu Oriot

Je taille aussi mes haies à la machette, mais là c’est une autre histoire !

On me dit que je vis comme un éternel adolescent. Certes si c’est se faire plaisir au quotidien et apporter de l’innovation à une vie d’adulte qui peut devenir routinière, alors je l’admets complètement !

L’état d’esprit dans lequel on agit change complètement notre vision de la vie. Essayez donc de courir toujours tout droit, d’aller au travail à rollers, de dormir par terre dans votre chambre, vous verrez : c’est ça l’aventure !

Mathieu Oriot.

GR* : Sentiers de Grande Randonnée

Single * : Piste étroite où l’on ne peut passé que un par un. En général, ces pistes sont techniques et sinueuses.

Fartlek* : exercice d’entraînement sportif. Il consiste à alterner des phases de sprint anaérobie et des phases calmes aérobie. Développé pour l’entraînement de la course de fond et de demi-fond.

draftant* : le drafting (ou aspiration) est une technique utilisé en sport cyclistes sur route pour faire moins d’efforts. le principe est de se mettre collé derrière la roue de l’autre cy-cliste pour profiter de la pénétration dans l’air. Avec un camping-car ça marche encore mieux mais ce n’est pas conseillé !!!

Trail* : Course à pied sur un chemin ou un sentier accidenté.

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6 Comments

  1. Bonjour Brieg et Mathieu,
    J’ai pratiqué cette micro aventure du matin pendant quelques temps, au gré des saisons… un challenge extra !
    J’avais l’avantage d’avoir 10 km de descente pour aller au boulot, soit 17 min porte à porte avec vélo attaché dans le local à vélo du boulot.
    Mais 14km de montée, car trop raide je faisais un autre parcours. J’ai aussi trouvé du temps pour moi, pour faire du sport, arriver épuisé à la maison physiquement mais remise mentalement du boulot par cette évasion grandeur nature.
    J’ai aussi l’avantage d’habiter à la campagne et savoir ce bonheur au quotidien.
    Au début je mettais 47 min pour rentrer et rapidement 35, puis je suis passé dans mon rythme sous la barre des 30 min .
    J’ai aujourd’hui changé de lieu de travail et ce petit plus me manque !
    Marie

    • Bonjour Marie,

      Merci pour ton témoignage. En espérant que ça motivera d’autres personnes à tester ce genre de chose.
      Personnellement je n’ai que 1.5 km pour aller au boulot, donc c’est plutôt facile de le faire à vélo.
      Mais si tout ceux qui ont quelques km pour aller au travail à vélo, le faisaient toute l’année, même sous la pluie…
      Cela limiterais beaucoup de trajets en voiture !!!
      Je ne veux surtout pas donner de leçon, mais si ça peux encourager quelques personnes ça serait top ! 😉

  2. Bonjour Brieg, bonjour Mathieu….Je suis à la retraite mais je continue de travailler, un petit contrat accessible aux retraités. Il faut maintenir la forme….Le boulot à 1 km de la maison, aller/retour à pied, en marche rapide été comme hiver, à 6 km/h…10 mn aller et 10 mn retour 2 fois par jour. Total 40 mn de déplacement sans pollution.

  3. Bonjour à tous,
    Je trouve cela super que nous puissions aller au travail en faisant du sport, quel bonheur. Certains ont la possibilité de le faire et c’est tant mieux, pour eux, pour la planète.
    L’idée du post reste de faire comprendre aux personnes que nos limites ne sont que mentales et qu’à partir du moment où l’on fait sauter les barrières, alors un nouveau monde s’ouvre à nous, un monde vivant.
    Faire du sport et vivre sa vie comme une aventure peut en faire partie! Prenons un peu de recul et agissons pour vivre en harmonie avec nous même et avec les autres. Finalement ce qui compte, c’est le chemin et la manière dont on l’aborde.
    Une grosse bise à tous les vélotaffeurs et travailleurs qui vont à pieds…c’est la vraie vie, la liberté!

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