LE FILM : Cliquez ici pour voir la bande annonce et le télécharger.
Cet article est un article écrit par Nicolas ( Un de mes coéquipiers pendant cette expédition).
Câest donc lui qui sâexprime Ă travers les « je ». Nicolas est atteint d’une Spondylarthrite. Une maladie inflammatoire, provoquant des douleurs parfois intenses au niveau des articulations.
En raison de sa maladie, cette aventure Ă©tait un vrai dĂ©fi pour lui. Il l’a rĂ©ussi ! Bravo Ă lui đ
Place au rĂ©cit de Nicolas…
IMMAKAYAK : Un voyage au Groenland en kayak avec une Spondylarthrite
14 Juillet 2018Â : DĂ©part de Saint-Malo.
RĂ©veil Ă 04h45. Pour un gars qui a toujours du mal Ă bouger le matin, on peut dire que câest matinal. Mais le jeu en vaut la chandelle : aujourdâhui, je pars pour le Groenland. Un rĂȘve.
Les 200 kg de sacs chargĂ©s, nous quittons la Bretagne en direction de lâaĂ©roport. Benjamin profite du trajet pour envoyer ses derniers messages professionnels. Pour lui aussi, partir trois semaines en kayak dans un coin oĂč il fait froid, avec un handicapĂ© fĂ©ru de kayak et un autre copain qui ne vit que par le voyage est un sacrĂ© challenge.
Il est bon de prĂ©ciser que Benjamin nâa quasiment pas dâexpĂ©rience en kayak de mer… Je pense que nous avons tous les trois un petit grain de folie pour nous engager dans cette aventure. Rien que dây penser, jâai le sourire.
Nous arrivons prĂ©cisĂ©ment Ă 11h11 Ă lâaĂ©roport. DĂ©bute alors une belle attente. Nous en profitons pour rĂ©flĂ©chir Ă des idĂ©es de plans vidĂ©o et interview Ă tourner sur place, afin de rĂ©aliser un film Ă notre retour. Benjamin, lui, en profite pour faire sa seconde sieste de la journĂ©e.
15 Juillet 2018Â : Lâavion de Air Greenland
A Copenhague, aprĂšs une nuit dâescale sur des bancs de lâaĂ©roport, nous commençons Ă ranger notre campement au petit matin. Nous procĂ©dons Ă lâenregistrement de nos 200 kg de bagages au guichet dâAir Greenland.
Nous savons quâils sont lĂ©gĂšrement en surpoids, et que cela risque de nous coĂ»ter cher. Mais, grĂące aux biceps de Brieg, nous avons pu passer lâenregistrement sans problĂšme. LâhĂŽtesse nous a demandĂ© de positionner le dernier sac, qui mesure 1,50m, Ă la verticale sur la balance. Brieg ne sâest pas fait prier, et a maintenu le sac en lâallĂ©geant innocemment. Comme par magie, nous sommes passĂ©s inaperçus, avec un tout petit surpoids dâun kilo. DĂ©jĂ , on peut dire que tout sâannonce bien.
Le vol est un vrai plaisir puisque nous survolons la NorvĂšge, puis lâIslande et ses lacs immenses. Enfin, les premiers icebergs de la cĂŽte Est du Groenland apparaissent. Je nâavais pas vu la glace depuis plus de dix ans. A cette vision, je ne peux mâempĂȘcher dâĂȘtre Ă©mu.
Jâai montĂ© le projet de voyage au Groenland en 2009, et grĂące Ă Brieg il a Ă©tĂ© remis dâactualitĂ© lâan dernier. Il faut dire quâentre temps, tout nâa pas Ă©tĂ© simple. Mes premiĂšres douleurs articulaires sont apparues, ma spondylarthrite a Ă©tĂ© diagnostiquĂ©e et les difficultĂ©s Ă me mouvoir nâont fait que croĂźtre.
Jamais je nâaurais pu imaginer que je pourrais vivre un de mes vieux rĂȘves malgrĂ© tout : naviguer en kayak au milieu des icebergs.
Nous atterrissons Ă Kangerlussuaq, ville de 560 habitants, dont la piste dâavion fait office dâaĂ©roport international du Groenland. AprĂšs une courte escale, notre dernier vol part pour notre destination finale : Ilulissat, au pays des glaces.
A lâarrivĂ©e, nous portons tous nos sacs jusquâau point dâattente des taxis. Les chauffeurs ne sont guĂšre motivĂ©s pour nous transporter, nos dix gros sacs y sont sans doute pour quelque chose… Notre chauffeur semble trĂšs fatiguĂ© et ne parle pas anglais. Sa conduite nous fait subtilement penser que notre aventure pourrait sâarrĂȘter avant mĂȘme dâavoir vraiment commencĂ©. Le court trajet de 8 km nous semble interminable. Fort heureusement notre bonne Ă©toile nous accompagne dans cette aventure et nous arrivons enfin Ă lâauberge de jeunesse dâIlulissat.
MĂȘme si le confort y est minimaliste, lâauberge est propre et chaleureuse. Il y rĂšgne un vĂ©ritable esprit de voyageurs du bout du monde. Ilulissat est une ville dâun peu moins de 5 000 habitants mais aussi dynamique quâune ville française de 50 000 habitants. On y retrouve tout le nĂ©cessaire pour vivre : hĂŽpital, banque, supermarchĂ©s, poste, port maritime, et plusieurs sociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es dans le tourismeâŠ
La particularitĂ© de cette ville est la proximitĂ© dâun des plus importants glaciers de la planĂšte, classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO. Il paraĂźt que lâiceberg ayant fait couler Titanic en 1912 viendrait dâici. Je suis toujours Ă me demander comment on peut lâaffirmerâŠ
Les diffĂ©rents supermarchĂ©s nous permettent de complĂ©ter une grande partie des provisions dont nous avons besoin pour notre expĂ©dition, y compris les 4 kg de chocolat que nous emportons. AprĂšs le dĂźner, grĂące Ă lâabsence de nuit, Brieg et moi partons nous balader. Nous allons jusquâau bord du rivage. Je ne peux rĂ©sister et mets mes mains sur cette glace, qui reprĂ©sente tant de beautĂ© et de puretĂ© mais aussi tant de danger. Je rĂ©alise que ce moment est un vrai privilĂšge et savoure le bonheur dâĂȘtre lĂ .
La « nuit », qui nâest rien dâautre quâun moment de repos durant la continuitĂ© du jour, permet de prendre un repos tout relatif, puisque mes douleurs articulaires se font ressentir. Mais en mĂȘme temps, elles font partie de moi, et nâont donc aucune raison de partir…
16 Juillet 2018 : Derniers préparatifs à Ilulissat
La nuit passĂ©e, nous prenons le petit dĂ©jeuner avec des personnes qui ont toutes le sourire dĂšs quâelles parlent de leur voyage. A croire que ce coin du monde donne du plaisir Ă tous, tant la beautĂ© des paysages est Ă©poustouflante. Jâai vraiment hĂąte dâĂȘtre sur lâeau pour en profiterâŠ
Avant cela, il nous faut prĂ©parer nos trois semaines de nourriture. Ce travail est assez long puisquâil sâagit dâouvrir tous les emballages puis les rempaqueter pour rĂ©aliser des portions quotidiennes. Par ailleurs lâauberge nous demande de libĂ©rer nos chambres plus tĂŽt que nous le pensions. Cela nous oblige Ă dĂ©placer tous nos sacs dans un autre bĂątiment avec escaliers. Ce petit exercice reprĂ©sente pour moi un vrai effort physique, mais cela fait partie du jeuâŠ
Durant tout ce temps, la pluie nâa pas cessĂ©. La derniĂšre nuit, nous pensions bivouaquer prĂšs de la zone de mise Ă lâeau, mais rester dehors sous la pluie en compagnie des kayaks non montĂ©s et tous nos sacs ne mâenchante pas trop, dâautant plus que mes douleurs sâintensifient au point de ne plus pouvoir marcher correctement. Nous changeons nos plans et trouvons finalement une chambre dâhĂŽtel pour nous trois, oĂč nos bagages seront acheminĂ©s en voiture.
La chambre, une fois investie, devient un vĂ©ritable âcamp de baseâ. Lâespace se trouve totalement couvert de toutes nos affaires, afin de tout rĂ©partir dans les diffĂ©rents sacs Ă©tanches. Cette chambre me permet ensuite de me reposer rĂ©ellement. Je pense que cela devenait vraiment nĂ©cessaire, vu mon dĂ©hanchement qui aurait pu me faire passer pour un manchot, si ces derniers nâĂ©taient pas prĂ©sents que dans lâhĂ©misphĂšre Sud.
Il faut ĂȘtre en forme car demain, câest le dĂ©partâŠ
17 Juillet 2018Â : Le DĂ©part d’Ilulissat
DĂ©part d’Ilulissat : 18h00 / ArrivĂ©e au bivouac « B0 » : 21h00 / 3 h de navigation et 6 milles parcourus (11 km)
MĂ©tĂ©o : Vent faible Ă nul / Temps couvert et pluvieux / Brume (500 m de visibilitĂ©) / TempĂ©rature 3 Ă 4 °c.Â
Au matin mes douleurs ont bien diminuĂ© et au rĂ©veil mes exercices dâĂ©tirement me permettent de vaincre lâenraidissement. Cette action amĂ©liore grandement ma mobilitĂ©.
Le petit-dĂ©jeuner est servi dans un hĂŽtel voisin haut-de-gamme, avec une pleine vue sur mer ou plutĂŽt vue sur glaces. La dĂ©coration reprĂ©sente la culture groenlandaise avec une petite touche de « cliché ». Peau dâours au mur, kayak traditionnel au plafond… Le buffet est quant Ă lui largement garni de divers produits qui vont de la simple tartine au morceau de lard. Que de lâĂ©nergie Ă emmagasiner.
Un taxi pick-up vient rĂ©cupĂ©rer nos sacs pour les dĂ©poser sur la zone du club de kayak de la ville. Et câest habillĂ©s en combinaison Ă©tanche que nous traversons la ville pour la derniĂšre fois.
LĂ , nous montons nos kayaks pliants. Le fait de remettre en forme les embarcations me rend heureux malgrĂ© la pluie. En fin dâaprĂšs-midi, nous sommes enfin prĂȘts pour embarquer.
Une sensation de joie mais aussi une certaine apprĂ©hension sâinstallent.
Les conditions ne sont pas vraiment top. Il pleut toujours, la visibilitĂ© est mĂ©diocre et la glace est trĂšs dense. Pour bien nous rassurer, des bruits de dĂ©tonation se font entendre. Il sâagit de morceaux de glaces qui se dĂ©tachent dâicebergs qui nous sont totalement invisibles.
Je vis enfin ce moment tant de fois imaginĂ©. Dans toutes mes rĂȘveries de dĂ©part, je voyais toujours un beau soleil et quelques glaces Ă©parses loin de la cĂŽte⊠On nâest vraiment pas dans cet imaginaire et trĂšs vite Brieg et moi prenons pleinement conscience que cette aventure est loin du voyage touristique, mais est vĂ©ritablement une expĂ©dition engagĂ©e.
Nous sommes assez concentrĂ©s afin de trouver le meilleur itinĂ©raire parmi les morceaux de glaces omniprĂ©sents, tout en restant au plus prĂšs de la cĂŽte pour rester en sĂ©curitĂ©. Le passage dâune pointe nous donne du fil Ă retordre. Les petits morceaux de glace sont tellement serrĂ©s les uns aux autres quâil nây a plus dâeau libre. Nous posons dĂ©licatement nos pagaies sur ces glaçons pour les pousser et avancer mĂštres par mĂštres. MalgrĂ© tout, le plaisir dâĂȘtre dans ce lieu magique me donne le sourire.
Je suis certain que nous rĂ©ussirons trĂšs vite Ă nous familiariser avec notre nouvel environnement qui est avant tout ĂPOUSTOUFLANT de fragilitĂ© mais aussi de rudesse.
Câest ainsi que nous avons rĂ©alisĂ© notre premiĂšre Ă©tape de navigation jusquâau bivouac identifié «B0 ». Le froid (3 Ă 4°c) et lâhumiditĂ© ne nous ont pas quittĂ©s. Nous avons eu froid aux pieds malgrĂ© nos deux paires de chaussettes. Je dois avouer que ce froid mordant a le bĂ©nĂ©ficie de me faire oublier les douleurs articulaires.
Nous finissons notre journĂ©e dans un nouveau monde. Un monde que nous devons apprendre Ă connaĂźtre afin de nous y adapter. Un monde oĂč les choses simples comme avancer, trouver un abri, se rĂ©chauffer, se prĂ©parer un repas deviendront de vrais objectifs.
Un monde oĂč lâHomme retrouve sa place face Ă lâenvironnement dans lequel il vit tout simplement.
Bravo Brieg d’avoir rĂ©ussi ton defi, et de le partager sur ton blog !
Bravo Nicolas d’avoir prouvĂ© qu’une maladie chronique ne met pas forcĂ©ment le point final Ă ses rĂȘves les plus fous…
Bravo Benjamin d’avoir osĂ© te joindre Ă l’aventure !
Tout ça, ça donne des idĂ©es đ
Ella J.
Merci Ella pour ton message.
Si cela te donne des idĂ©es et des envies tant mieux car c’est le but de ce blog !
L’autre but de ce blog est d’aider les autres Ă partir Ă l’Aventure…
Merci de nous faire partager votre voyage par texte et photos. AprĂšs l’apĂ©ro sur la plage de Lancieux , cela permet vraiment de rĂ©aliser le vrai dĂ©fi que vous vous Ă©tiez lancĂ© !
Merci PĂ©rig pour ton message đ
Bravo Ă tous les 3 et merci de partager ces moments. Un bravo particulier Ă Nicolas qui dĂ©crit bien vos 1ers jours, c’est concis tout en oubliant pas les Ă©motions ressenties. HĂąte de lire la suite de vos aventures. Lolotte
Merci Laurence pour votre message. Ca fait plaisir đ
Bravo pour votre aventure ! J’attends la suite de vos rĂ©cits !
Merci ! C’est pour bientĂŽt…
Merci de nous faire partager ces moments intenses de votre aventure au Groenland. Tout est nouveau pour nous et votre rĂ©cit ainsi que les photos donnent un aperçu ( et mĂȘme un ressenti ) de votre expĂ©dition. HĂąte de connaĂźtre la suite….
Merci Maryvonne ! On prĂ©pare la suite…
Quel défi quelle incroyable aventure
Bravo Ă vous trois
Florence
Merci Florence đ
j’ai enfin pris le temps de lire votre rĂ©cit accompagnĂ© de ces belles images.
ça fait rĂȘver, et donne une sacrĂ©e envie de voyage. en attendant la suite avec impatience.
benoit
Merci Benoit ! La suite arrive trĂšs vite…
Merci pour ce beau rĂ©cit teintĂ© de beaucoup d’Ă©motions qu’on ressent!
Bravo Ă vous 3!
Merci !